Quand j’avais écrit cet article sur la politique internationale et son lien sur la disponibilité des SI lors du premier mandat du président américain Trump, je l’avais trouvé un peu capillotracté.
En fait, il revient plus que jamais dans l’actualité !
Au commencement était le Groenland
Trump veut le Groenland. Il pourrait y envoyer des troupes mais ce serait une attaque contre un membre (fondateur qui plus est !) de l’OTAN et donc le déclenchement d’une guerre potentiellement mondiale du fait des jeux d’alliance.
Il pourrait imposer des tariffs au Danemark, mais les américains vont quand même finir par s’apercevoir que ce sont eux qui les payent au final.
Ou alors il pourrait faire un chantage numérique. Le Groenland contre la continuité des services numériques américains. Oh pas grand-chose : seulement des offres clouds. Les noms habituels : Google, Amazon, Facebook, Amazon et Microsoft. Maintenant que ces services sont profondément implantés dans les systèmes d’information étatiques et sont donc devenus indispensables, il s’agirait d’une arme très puissante.
La transition sortante de ces plates-formes sera extrêmement coûteuse, longue, et pourrait générer des pertes de données. Gênant pour un particulier, impensable pour une Nation dont le fonctionnement repose sur des traitements informatiques.
Un lecteur avisé m’objectera que le Danemark pourrait mettre au défi les GAFAM de rompre ces contrats commerciaux. Ce ne serait pas nécessairement dans leur intérêt économique. Il a probablement raison. Imaginons alors un autre scénario : pour des raisons fallacieuses, le prix de ces prestations sera multiplié par dix, quinze ou vingt.
Et la France alors ?
Tant pis pour le Danemark me direz-vous ?
Rappelons-nous seulement que la France dépend également de ces services, et que, au hasard, notre Health Data Hub est hébergé par… Microsoft Azure.
Car oui, l’adminstration française décide en 2020 de placer les données de santé de « 99% de la population française »1 aux États-Unis. Malgré la levée de boucliers (CNIL2, Conseil d’État, politiques et associations), cette décision sera maintenue.
Image d’illustration : carte par ChatGPT, Donald Trump ajouté par transparence à partir d’une photo de Gage Skidmore sous licence CC BY-SA 2.0.
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Cédric VILLANI et al. (2018-03-28). Donner un sens à l'intelligence artificielle. Vie publique. https://www.vie-publique.fr/rapport/37225-donner-un-sens-lintelligence-artificielle-pour-une-strategie-nation ↩︎
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La CNIL s’y était opposée dans un premier temps, réclamant comme d’autres un acteur uniquement soumis au droit européen. Elle a finalement été contrainte de valider le choix de Microsoft en l’absence d’offre européenne équivalente. ↩︎